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Clowns Sans Frontières France en Thaïlande
1 janvier 2009

Recits des 12 derniers jours

Après 12 jours passés dans les camps de Mae Ra Ma et Mae La Oon à la frontière sans accès à internet ni joignable par téléphone, l'équipe des Clowns nous livrent leurs premières impressions.

Pour le 31 décembre, Olivier a rejoint la petite équipe pour le reste du séjour.

21 décembre, Mae ra ma luang.
Déjà trois jours dans ce camp. Par ou commencer ? Un voyage Paris-Singapour 12h, puis Singapour- Bangkok 2h, Bangkok-Mae Sariang en camion 12h, une route interminable qui tourne et détourne, Tong Mai notre fidele chauffeur assure la route, il roule depuis vingt heures (aller retour Bangkok) mais privilégie une conduite tout en douceur. A l’arrivée vers 23h30 sur Mae sariang on retrouve nos habitudes, chiken with cashew nuts, coco soup, leo beer, sourire, douceur, chaleur (relative).
Sitôt couché qu’il est pratiquement le matin. Courses rapidos pour le spectacle sur le marché, puis on se jette dans des pick up, rempli de sacs, de nattes , de cordes et d’objets de toutes sortes pour tourner et détourner dans notre spectacle.
Mae Ra ma luang…19567 karens, enclavés dans la jungle, végétations denses, route absurde, chemins, pistes, on a du mal à imaginer la gadoue pendant la saison des pluies. Malgré un pépin mécanique on arrive au bout du chemin : le camp.
Tout en long, longeant une rivière, maison de bambou, des enfants, des ados, des personnes transportant des bambous, du riz, des camions chargés de troncs de tek, de bambou pour les maisons, des sourires toujours, un bel accueil.
Le camp leader, « le maire », nous reçoit, nous questionnent, curieux, jovial, protocolaire ? Déjà nous sommes réinvités pour un futur projet dans un temps prochain, dans le futur ?
Quel futur ? Ici le temps c’est arrêté, 15 ans à attendre, a deux heures de marche. Un retour potentiel sur ses terres, de l’autre coté de la frontière.Certains sont candidats a l’exil : le Canada, la Norvège, l’Australie….Des photos des primo partants me laisse septique, ca reste pourtant une belle solution d’avenir pour les prochaines générations …..
Un camp, une maison comprenant une salle de « réunion, une salle de « bricolage et une mezzanine en bambou pour dormir sous les moustiquaires. Chacun son petit coin, Hervé pour sa part discute certaine nuit avec une petite souris (certains disent que c’est un rat, d’autres un petit chat).
Se mettre au travail, trouver/ acheter des bambous pour construire la structure du décor et la base des musiciens…On attaque a 7h 30, déjeuner a midi, souper a 18h… Peu à peu, dans l’urgence on se met en place et après un jour et demi d’écriture et de bricolage, cet aprèm (on est dimanche) on s’installe dans la cour d’une école de l’autre coté du pont voir de l’autre coté du monde...
Ici peu d’attractions, peu de changement dans un quotidien monotone, alors quand 7 « pouassis »montent un spectacle ça attire du monde, beaucoup de monde. Au début 46, puis 67, on finit la journée à 178 (chiffre officiel). Déjà vingt minutes de monté, a digérer, à revoir. Demain rebelote, dans un jardin 5m sur 5 m, car notre superbe théâtre sans toit accueille les écoliers pour les exams de fin d’année. Ici comme en France on bosse plus, même le dimanche.
A coté de moi, la répète’ musique bat son plein, on est un peu charrette…
Il faut : monter les chapeaux couvercles, fabriquer un genre de moustique en récup, apprendre des chants, répéter la musiques, boire du thé, se protéger des moustiques, acheter des longis pour les costumes, continuer, agir, réagir.
Demain dernier jour de répète’, puis départ mardi en fin de matinée après un dernier filage pour le camp da coté Mae la oon. Arrivée sur place, trois jours de représentations, une nouvelle maison, une nouvelle forme de camp (tout en pente) après ce sera retour a Mae ra luang, nouvel an karen, 8 représentations, la fête, des danses des chants karen, fidele a leurs cultures, leurs identités.
Je vous laisse, le travail domical de nuit m’attend.
Biz à tout les enfants de la terre….Votre dévoué Frère guillaume.

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Lundi 22 décembre

Arrivés depuis 4jours ici, zone 5.
Atmosphère d’écoliers devant le chef de camp, protocolaire et bienveillant sur notre venue. Présentations, questions, compréhension ?
Accueillants et curieux, les regards fusent, les yeux des enfants s’écarquillent, les sourires illuminent chaque visage, répondant par la même à toutes les questions qui m’envahissent à cet instant, précisément. Ressenti d’intrusion bien que rires à profusion des enfants accrochés à nos moindres gestes et faits.
Appel à déjeuner, visiter, rencontrer, inviter …

Je suis déconcertée, je suis un peu à un autre bout du monde..
Début d’un spectacle, nous sommes à J -2 de la première. Répétitions en extérieur ou l’expression « à vue » peut prendre ici tout son sens ; partage en direct avec un public attentif, spontané, encourageant, mixte, intergénérationnel, debout, assis, de partout et respectueux.
Délit de culotte trop voyante, me vaudra la confection d’un justaucorps improvisé un peu plus tard dans la soirée.
Délicatesse et gestion de la pudeur de chacun.
Débarrassée de la trame du spectacle, débriefing sur les constructions restantes, décision de répéter les chants.
Panique à bord sur la mémorisation des paroles : Témotia a gué lo a moula, nu hu bé mia té bé kou tou toi hé … »etc.
Pas compris ce que je dis.

Le matin à 6 h, quelques cloches raisonnent et signalent un début de journée.
La rivière un peu plus bas, ne cesse de traverser et de rendre la jungle infinie.
Intemporelle, comme la situation de nos hôtes.
Improbable un spectacle ici, et pourtant.
14h15, je file au filage.
Valérie.

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22 décembre, un lundi, ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’ordi…
Une vraie journée de repet, troisième jour à l’intérieur, j’ai l’impression d’être ici depuis... ?
On travaille aujourd’hui chez  éh a et Shagué, deux instit du camp… Maison dans la zone 5 à seulement 7 minutes à pied, on marche sur la route, on traverse un terrain de foot, poussières, mini gadoue, sourire, étonnement, rire... Les puoassis on construit leur décor en Bambou, le set des musiciens intriguent.
Début des repets, un jardin juste comme y faut, très vite les premières loges se remplissent, tout autour des palissades s’agglutinent des enfants, des ados, des adultes… Il se passe quelque chose d’original dans ce quotidien sans fantaisies. On est à l’hombre, on travaille vite, le but et l’envie d’aller au bout, de terminer cette chaude journée par un filage générale nous poussent à inventer dans l’urgence…
17h 03 : Filage général, on se cache pas qu’il nous reste du boulot : textes à apprendre, musiques à caler, costume à créer, préparer les mises, s’organiser pour les premiers dates.
20h 09 : Après le repas de 18h c’est heure des repet, Chloé et Jérôme répète la musique, Hervé (qui s’est fait boulotté sa chaussure gauche par son rat) travaille sur son costume de singe-balaie, Dion répète son texte, Valérie écrit sur le carnet de bord papier…
Demain matin filage, puis départ en bateau pour Mae la Oon… Changement de camp….
Incroyable, on joue la première après demain…..
Vivement le nouvel an Karen 26,27, 28 décembre pour s’en prendre plein la vue...
Bonne nuit sous moustiquaire……………………………F.G

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24/12/08
10h ici soit 9h30 ou 10h30 à Bangkok je crois
(À titre personnel, je me sens toujours très privilégiée de vivre ce que je vis ici depuis maintenant une semaine). Et j’espère équilibrer la balance dans mes regards, mes sourires, ma présence , l’énergie et les intentions que je mets dans mon jeu, bref ce que je peux trouver de mieux en moi concentré en 40 mn et plus s’il le faut …)

Rien ne semble impossible, règle d’or, comme vivre 3 jours en 1, par exemple…
Les corps commencent à fatiguer pourtant, contractures, courbatures, extinctions de voix, rhino mais nous sommes toujours là, et le spectacle aussi, ou presque, une fin encore un peu chaotique méritera une répétition matinale supplémentaire.
Mardi 23, soit hier matin, nous avons envoyé une « générale » à vue, sur le grand terrain de foot du premier camp. Le spectacle fonctionne, les effets font rire, les gens nous remercient et se précipitent pour nous aider, les chansons se poursuivent au-delà de nos interventions au détour d’une rue, à la fenêtre d’une maison, dans la bouche des enfants et des plus grands.
12h30 : Déjeuné (qu’est ce qu’on mange ici, chaque rencontre c’est une invitation, infernal) + chargement du matos + clean de la maison et c’est reparti.
Jérôme passera par la route avec le 4x4 contenant le matos, le reste de l’équipe par la rivière, en pirogue.
Voyage incroyable à travers la jungle, privilège absolu car territoire non ouvert à monsieur et madame lambda.
Paysage grandiose et majestueux.la pirogue passe quelques courants plus rapides grâce à l’agilité de nos conducteurs ; petit passage à pieds obligatoire pour délester le bateau trop lourd.
Arrivés à Mae loon, accueillis par le chef du camp et ses collaborateurs.
Mae loon est une interminable montée, ou descente, c’est selon ; tout le camp est construit sur le flanc d’une montagne, à 7h, la brume cache les sommets vallonnés de ce paysage, la jungle renait dans le jour qui se lève, une cloche sonne ; odeur de feu de bois de bambou humidité, quelques bougies s’éteignent, juste un peu plus loin, une autre montagne nous montre l’entrée de la Birmanie.
Notre nouvelle guest house, toute en bambou a des airs de maison de poupée.
Après cette réunion, nous avons une petite heure pour nous installer, puis nous serons dirigés vers la maison du camp leader pour déjeuner à 18h, puis nous serons invités à la messe et au spectacle de la nativité, dans la section 10, et à 20h, nous jouerons le spectacle, dans l’église, après s’être assurés que nous étions bien compris sur son contenu et sa forme.
Les hôtes ne partagent pas le repas des invités ; nous mangeons un festin de roi, au sol, en cercle, les assiettes se succèdent sans fin ; si on ne se lève pas de table une fois rassasiés, les assiettes ne cesseront d’arriver ;

Je n’ai pas assez de mots et de talent pour expliquer ou décrire le spectacle de la nativité, dans son contexte, pour rendre un imaginaire possible de cet instant, si ce n’est que nous avions tous l’impression d’être plongé dans un trip délirant et absurde.
20h30, nous lançons le show, au milieu des guirlandes de Noel, devant «3 ou 400 personnes, il est évident que nous ne sommes pas encore prêt, mais grosso merdo, ça fonctionne, les gens ont la banane, les enfants rient, retiennent la chanson, nos prénoms, et je me dope d’énergie grâce à eux.
Un « rappel chanson française » est demandé, Jérôme et Hervé se lancent et s’en sortent avec tout mon respect.
Une mélodie d’accordéon au fond de la jungle.
22h, nous rechargeons le matériel dans le 4x4 et nous nous accrochons à lui et à tout ce qu’on peut pour une remontée nocturne et sportive vers notre maison
23h, extinction des yeux.
Vava   Co – Té o

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23-26 décembre. Mae La Oon.
Apres le feu pour l’eau chaude, la soupe  (Kotéo) au boui-boui du quartier, c’est l’heure de la générale…On choisit le terrain de foot à 100m de la maison, histoire d’avoir 348 personnes en œil extérieur. C’est vrai, on à encore du boulot, trop dans les marques, dans « qu’est qu’on fait après ».
On en sort détrempés sous un soleil de plomb, conscient du chemin à accomplir avant d’avoir l’eau chaude et les toilettes sur le palier.
Puis très vite, repas chez KWO, chargement du camion, Jérôme part avec le chauffeur, histoire d’aider à décharger le matos précieux (son accordéon…la trompette…la table en bambou..). Tout le reste, direction secteur 6 Mae  Sariang river, pour prendre le bateau. Good luck nous disent les voisins. On reste confiant, le paysage frôle le parfait. Une bonne rivière, quelques rapides, de chaque coté la jungle, quelques habitations, des cavités remplies de mousse, du bois, du vert, de l’eau. A un moment, on s’arrête le rapide est trop rapide, on coupe le long de la rivière, les marins nous récupère 5 mn plus tard. Mouillés, déconnectés, on aperçoit Mae l’oon.
16213 Karens vivent ici depuis 1995. Au flanc de plusieurs collines, des milliers de maisons en bambous se confondent avec la végétation. Le camp est pentu voir très pentu. Apres 20 mn de marche en cote, on arrive au camp office et je retrouve Mr WahWah, camp leader du camp, que nous avions croisé avec Steph et Seb lors du repérage. L’accueil est chaleureux, le programme déjà préétabli.
En face, on découvre notre maison : du Bambou, une pièce centrale confortable entouré de chambres individuelles  plus une pièce de repet au rez de chaussée affublée d’une pièce d’eau et d’un  toilette.
L’épisode est posé. Première acte, Wah Wah nous « propose » de jouer dès ce soir dans son secteur (1) pour l’église, voir la paroisse.
Apres l’installe des moustiquaires, départ chez lui, repas proche de la perfection, rencontre sourire, mystère… Mais ou on va, juste dans une église, juste une petite messe d’une heure, puis la nativité mise en scène puis c’est à nous.
La scène est minuscule, les comédiens, les musiciens voir le spectacle sont fragile. Conclusion, on en ressort peu satisfait, malgré les sourires et les remerciements. Un jeune trisomique, petit ange de la soirée nous donne toute son affection, nous repartons vers la maison entassée dans le décor à l’arrière de notre pick up.... Ce sera notre moyen de transport pour tout le séjour.
24 décembre… Sans voix, je suis, ça la fout mal pour le tassaoui  (chanteur) du spectacle, ce matin on veut, on doit répéter : pour avancer, pour faire des modifs (je deviens danseur..) puis après un bon repas. Départ pour le deuxième spectacle. Stef est venu lors des repet repérer, «  on joue chez Raymond, directeur d’un collège, entassé dans le pick up, bras dessus, bras dessous, pour éviter d’en perdre un, on se dirige vers le secteur 7 « c’est la, c’est la »…. Nesso notre chauffeur, continue sa route, tourne à droite entre les maisons et s’arrête tout proche d’un immense bâtiment école couverte, au bout une scène en bambou pleine de trou. Ce n’est pas l’école repérée….Le spectacle peine encore, nous ne sommes pas à notre aise loin du sol, de la poussière et des gens.
Malgré les 1284 sourires d’un public ravi c’est un peu la Kotéo (soupe) à la grimace ;
Le secteur 10 repéré cette fois ci, va-t-il nous permettre de trouver nos marques ?
17 h. secteur 10.
Une belle place, un public compact, la pèche, une ambiance du tonnerre, ca y est on est en place…Encore quelques réglages musique et jeux et le tout et dans la boite.
Ce soir on fête noël, dinde, foie gras, voir plutôt rien du tout… Hervé sauve la mise en sortant un paquet de papillote de la superette de Greoux les bains...Ouf, l’esprit de noël reste intacte, nous pouvons nous recueillir tous ensemble autour du bananier de noël enguirlandé (ce n’est pas vrai).

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25 décembre. Secteur 1 ; Secteur 9

Ce matin nous décidons de jouer deux fois, pour pouvoir profiter de la journée afin de jouer chacun dans son coin avec les papiers des papillotes. Cette fois ci, Steph et moi, avec l’accord et la complicité de Wah wah le camp leader et de Nesso le chauffeur, nous savons ou nous jouons…A même le sol.
Vers 9h 30, il fait chaud, voir plus, secteur 1, on y est le rythme est la, on se détend, on innove, on se surprend, le spectacle se bonifie.
Chaud comme le thé dans le thermos, on grimpe en pick up, secteur 9. Le spectacle commence dès la descente du camion, impro à droite à gauche, on attend le signal de Steph qui gère l’arrivée d’un groupe d’enfants avant de commencer. Puis on joue, bien chaud, bien dedans, on sait ou ca pèche, on retravaillera…Plus de 1000 personnes sont présent assis sur le sol, devant, derrière, sur les cotés, loin, tout proche. Grand moment gravé dans nos mémoires….
L’aprèm c’est free time, Chloé lave les costumes couleur poussières (merci), certains partent téléphoner au village thaï à leurs familles, d’autres font la sieste bouquinent, se ballade.
Apres quelques courses, je me rends sur un terrain de Chilon, une sorte de badminton/volley qui se jouent avec les pieds et une balle en osiers. Malgré le pied et les Tongues qui enflent à la vitesse grand V, je fais beaucoup rire mes partenaires et le public nombreux, observant avec Malice, le kolawa novice. Je rencontre Ston, un étudiant birman, arrivé sur le camp il y a 5 ans.
Il m’invite chez, on boit du thé on parle de la vie, de sa vie, de la mienne, de la France, du mariage, des saisons. Il est étudiant dans le camp et sera un jour prochain professeur ou …. ?
Puis retour à la maison, peut être pas encore fatigué, je ramène Dion sur le terrain de Chilon.Rebelote et dix de der… un repas. Une redescente jusqu’au terrain de Chilon pour récupérer mon sac (dans une nuit noir une femme à une fenêtre m’attendait avec un grand sourire avec mon sac). On se retrouve enfin pour le repas. Jérôme et Chloé reviennent d’une scène en bambou ou ils ont joué quelques morceaux...Redepart avec Jérôme et Stef pour un set au même endroit. Attendu et accueilli sur des chaises bien devant, c’est rapidement à nous. Entre deux sketches et quelques danses, un musicien Karen à la guitare, Jérôme micro au beat box, moi-même au chant (j’ai entre temps récupéré un peu de volume) et nous voila parti à improvisé quelques chants karen du spectacle devant 1498 karen enthousiastes. One more... Je chante un peu de thiefaine, Jérôme balance un méchant riddim d’une chanson de hair… On s’approche de
Minuit...Voila un noël inoubliable.

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26 décembre. Secteur 7. Secteur 5 grand stade.
Ce matin, on joue enfin chez Raymond. Météo Thaï ne nous a pas menti, il pleut un peu. L’air est frais, les costumes pas sec, idéal… L’ambiance est feutrée malgré les 4OO personnes présentes.
Ca ne sera pas pareil à 11 h. Des 10 h 30, 1328 personnes nous attendent. On arrive difficilement à créer le cercle, on s’en prend pleins les yeux, pleins la tête. On finit à 1607, puis très vite le départ approche, Pendant que les autres rangent la maison, nous faisons avec Steph et l’ensemble du comité, le bilan de notre passage, on imagine, une suite certainement plus longue… à voir.
Bateau retour, on traverse une partie du camp à pied….La maison de Mae ra la luang, déjà si loin est là. Le camp leader nous accueille… Demain est un grand jour, c’est le nouvel an Karen. Nous sommes prévu dans le programme officiel, on chante ce qu’on veut lors de la cérémonie d’ouverture puis on joue vers 20 h devant la moitié du camp, peut être 4500 personnes...
Après une repet de l’intervention de demain matin, direction les moustiquaires…C’est ma direction dans un instant.Demain levé 06 H…. Une belle journée en perspective.
Encore et encore trop de choses à dire, du ressenti, des joies, des rires, des peines, des vies…
Vers l’autre bout du monde, Guillaume le con-érrant.

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26/12/à_
23h52
Première insomnie…
Ordinateur sur un coin de table, à la bougie, je tente de me faire diversion
Mp3 au son de musiques familières, c’est peut être ça l’erreur
Le sommeil me fuit, la rivière coule toujours, un peu trop prés cette nuit
Je n’ai pas non plus envie de croiser le copain d’Hervé, rongeur nocturne de chaussures, ni tout autre espèce animales vivant en ces lieux
Je rallume une cigarette, les bruits me sont hostiles
Je sais qu’une grosse journée nous attend demain, c’est peut être ça aussi, ou l’envie de danser
Ou les premières personnes laissées derrière nous, ou seulement un besoin d’intimité,
A la différence de mon autre vie, je sais qu’il me sera possible ici de faire une sieste demain
“Don’t you feel like nothing ?”
Vava    Co-té o

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28 dec.
Impressions…
Le temps est oublié, ici et dans nos têtes… Dimanche, mardi, le 29 ou le 27, les dates ne parlent plus, le rythme nous tient. Levé, tôt le matin, déjeuné à la soupe et au coffee mix, échauffement, étirement, l’équipe se chauffe au levé de la brume matinale… Le groupe est solide, l’ambiance est chaleureuse. Déjà énormément de visages, de paroles, de prénoms dans nos têtes…Et toujours l’envie d’aller plus, d’aller vers nos hôtes, avec comme premier contact le regard et le sourire… ensuite l’alchimie de l’échange s’opère, et…
Impression brève… Teepe………..

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28/12 (je crois) en tout cas c’est dimanche et lendemain de nouvel an Karen
Petite aparté sur le trac.
Nous avons joué en effet hier soir, pour la fête du nouvel an, vers 20H, pour 5000 personnes, à vue de pif. Je n’avais pas de trac, je me pose alors la question si j’ai moins d’exigence quand je n’ai pas de trac? D’où vient mon trac ?
Je l’éprouve fortement quand il y a des personnes que je connais dans l’assistance, individuellement (proches, amis, professionnels …), alors sans doute il me vient quand je ressens une attente sur ma personne ? L’impression d’une exigence que certaines personnes attendraient de moi ?
Je ressens également moins de trac en extérieur qu’en intérieur : la boite noire, les lumières me mettent beaucoup de pression.
Je ne ressens pas non plus de trac quand je joue devant des enfants.
Alors peut être que les enfants, ont un point commun avec le tout public d’ici, à savoir qu’en effet ils n’ont pas d’attente particulière, le spectacle vient à eux par ce qu’ils sont au bon endroit au bon moment, et aussi vierges de tout codes et antécédents qui provoquent la comparaison ou l’exigence que le spectacle réponde à  des attentes personnelles.
Cet autre public est dans une spontanéité du présent, sans référence à un passé de public, ni dans une anticipation de ce que le spectacle pourrait leur apporter.
Ce n’est pas pour autant que j’ai moins d’exigence ni de générosité (il me semble) dans ce que je propose, mais sans cette pression.
Au final, le passage de l’état « normal » à l’état de représentation, se fait sans le passage du trac, mais par d’autres moyens, que parfois le trac peut bloquer par ailleurs : les regards, les échanges verbaux pendant l’installation, le rituel de la mise du spectacle, et la concentration du public, qui est à gagner, qui va crescendo, partant d’un grand bordel général de rue, vers une écoute quasi silencieuse, pour un extérieur.
Le spectacle vient à eux, à nous, il ouvre les portes d’un imaginaire, simplement par ce qu’ils sont présents au bon endroit, au bon moment.
Et je n’ai pas en effet cette pression de devoir « plaire » ou satisfaire, simplement de donner à voir et à entendre.
A retenir.
Vava Coté-o

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27 décembre.  Karen new Year
Le grand jour des Karens commence ce matin des l’aube. Bien rangé par groupes de cent l’ensemble des représentants institutionnels, associatifs et villageois sont réunis sur le grand stade décoré pour l’occasion. Il est 07h 30 Pow Gow, le camp leader ouvre la cérémonie. On chante l’hymne karen face au drapeau immense accroché  la tribune-scène. Puis c’est les discours, quelques chants et enfin entre deux interventions les clowns sont demandés sur la scène ; IL est 09h45, on a préparé deux chants. Le Sédaé mythique de 2008, à 4 voix, orchestré par Tra Jérôme, puis on attaque  une mélodie Arabisante autour de Ben Cristianini. Les yeux s’ouvrent face à nous, les sourires se propagent, mon mini discours de présentation en karen  tombe comme un cheveu dans le cottéo (soupe)…la journée va être longue, forte, incroyable. Apres quelques  moments de ballades, c’est retour à la maison, petite sieste et très vite retour
sur le stade, final du tournoi de foot, final du tournoi de volley féminin, final du tournoi de chilon… Autour du stade peut être 6OOO karen mangent, encouragent, flânent. Je passe un moment accroupi au sol à encourager les équipes qui tentent de grimper au sommet d’un bambou graisseux de 9m planté dans le sol. Chaque groupe de 5  essayent  1000 stratégies accrochées au bambou pour récolter à son sommet le précieux sésame à partager : une enveloppe contenant 500 bath (10 euro).
On joue à 20 h et sensiblement  7234 karens nous attendent. Pas de trac, de l’envie. 19h45 top départ, 15 mn d’impro installations de folie. Peut être 1000 enfants assis devants et déjà l’ambiance monte d’un cran…. 7 néons, 3 micro de chez larsen aux 4 coins et on attaque… Ca marche fort, le comité est ravie, le public aussi, c’est fini ?
21h 30, les interventions continuent, de la danse, du chant, des problèmes techniques. Chacun vaque à ses occupations, ses rencontres, on nous redemande sur scène…Je monte sur scène avec Jérôme, micro en main on envoi du son, 3 chansons en Karen, puis c’est fini ?
"One more" me dit Wah Wah, on reprend tous les chants du matin, one more, one more, one more…
La fête se termine par l’hymne au drapeau, on rentre entassé dans le décor à l’arrière d’un pick up thaï version guirlande de Noel…rincé, pleins les yeux, pleins la tête, juste incroyable…..

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28 décembre, Ici comme dans beaucoup de pays, C’est aussi le repos dominical…
Ce matin le camp tourne au ralenti, notre resto soupe est fermé, le camp leader  est absent ou en famille, l’équipe est au tempo des karens.
On joue, on joue pas… Avec Dion, papier de vocabulaire en main on bosse notre karen quotidien et l’effort commence à porter ses fruits malgré nos problèmes de prononciations.
On joue ? Oui, mais le camp leader qui nous avait promis un moyen de transport n’arrive jamais…Avec Steph, on traverse le secteur 5 à la recherche d’un véhicule.
Après un échec, on trouve un pick up, puis on attend un chauffeur, puis on attend les clefs, puis on pousse le pick up en tong.
Départ secteur 6 en bas de la rivière. Une belle petite place de quartier, un leader local sympathique, une traductrice tombée du ciel et nous voila en place vers 16h30. 421 personnes, de l’ombre, la pêche, le confort de bonifier notre joujou, je me repete mais encore du grand moment vécu.
Demain en principe, on joue deux fois, secteur 07, le plus éloigné du centre et un autre endroit à définir… Définir le mot le plus difficile pour décrire, notre vie chez les karens…
A demain…   Guillaume.




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